Orchestrée par Mme Rosalie LAMIN, 1ère adjointe au Maire du XIe arrondissement, chargée du monde combattant, de la mémoire, des finances, de la santé et du handicap, la cérémonie de 2024 commémore les 80 ans de l’Affiche Rouge, et fait suite à la panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian du 21 Février 2024. Elle rend également hommage à Olga BANCIC, juive de Bessarabie, communiste, membre des FTP MOI (Francs-Tireurs Partisans – Main-d’Oeuvre Immigrée) et morte guillotinée le 10 Mai 1944 en Allemagne.
Si la mémoire du onzième arrondissement de Paris reste imprégnée des arrestations brutales et des premières rafles antisémites de 1941, elle s’enorgueillit aussi des actes de résistance de ses habitants, dont ceux de Marcel RAJMAN, célébrés chaque année au square du même nom, près du croisement de la Rue de la Roquette et de la Rue Merlin. Des résistants étrangers, dont l’honneur et le courage aident à déconstruire les préjugés xénophobes et à lutter contre le racisme et l’antisémitisme ? Pas si simple …
Etrangers, patriotes, et combattants de l’universalisme
Pour Laurence PATRICE, Adjointe à la Maire de Paris en charge de la mémoire et du monde combattant, le devoir des progressistes est « de faire résonner les idéaux pour lesquels le groupe s’est battu« . « Des idéaux humanistes en écho aux principes de Liberté, d’Égalité et de Fraternité », en opposition frontale à la Police française de l’époque, aux relais des organes de propagandes collaborationnistes et à la Justice, devenue sommaire et expéditive, rappelle François VAUGLIN, Maire du XIe arrondissement. L’affiche Rouge n’utilise-t-elle pas tous les codes afin d’effrayer les passants selon les mots d’Aragon : le rouge pour la violence des méthodes communistes, la mention de juifs étrangers pour les faire passer pour des criminels. Allusion sans équivoque du Maire à l’extrême droite et aux actuels « patriotismes issus de vents mauvais » qui instrumentalisent de manière systématique et opiniâtre, l’antisémitisme, le racisme et la xénophobie.
Sauf que la recrudescence du nombre d’actes antisémites oblige le Maire à rappeler son combat et la volonté de son exécutif à ne pas résigner. L’occasion pour lui d’évoquer le rôle joué par le Groupe Manouchian, symbole de la résistance des étrangers, mais également symbole d’une résistance juive souvent passée sous silence.
Sur ce point précis, les prises de paroles, par leurs oublis, atteignent une limite. Car, certes, le Chant des Partisans et L’affiche rouge de Léo Ferré , qui ponctuent la cérémonie, rappellent combien ces « Français de préférence » selon Aragon défendent mieux l’esprit de la France que des « français d’héritage ». Une réponse à ceux pour qui, à l’extrême droite de l’échiquier, la peur de l’étranger se mêle dorénavant à un prétendu manque d’appartenance au récit national, essentialisant par la même l’étranger en contradiction totale avec les principes universalistes. Mais omettre les atermoiements de l’extrême gauche, et son incapacité à qualifier d’antisémites les actes et agressions récentes, est tout aussi mortifère. La cérémonie d’hommage ne saurait être le cadre d’une analyse et réflexion plus profonde sur les dérives des deux extrêmes, mais elle a le mérite de révéler l’inconfort et la complexité d’un débat dont il faut se saisir à bras le corps. Selon les mots de François VAUGLIN, « une invitation à réagir et à ne pas laisser la vague du temps ramollir les esprits ». Un combat contre tous les extrêmes que l’Amicale continuera de mener pour les valeurs de justice et d’égalité.
Une commémoration à poursuivre le Dimanche 10 Mars 2024 à Paris : « Rencontre : Morts pour la France ! Elle s’appelait Olga, ils s’appelaient Rino et Marcel«