(Témoignage publié initialement dans la Lettre de l’Amicale en 2001)
Ancien Président à notre Amicale, Gouvet (Gabi pour les intimes) nous a quitté.
Souvenirs …
J’avais 13 ans en 1943. Transféré miraculeusement du Camp de Drancy (Seine Saint Denis) au « Centre Lamarck » de L’U.G.I.F. à Paris, j’y ai retrouvé d’autres enfants avec lesquels j’ai pu rire et jouer. On connaît le terrible sort qui fut réservé à ces enfants, j’en ai réchappé une seconde fois.
Au centre Lamarck, j’ai connu Gouvet. Avec mes yeux d’enfants d’alors, je le voyais gaillard et bien bâti ! Il s’occupait de nous avec une énergie contenue afin de nous discipliner à la vie de groupe.
Beaucoup plus tard en 1970, je l’ai reconnu au cours d’une conférence. Il prêchait avec vigueur et ferme volonté l’indispensable préservation de la mémoire de nos « chers disparus » avant que le poids du temps qui passe ne l’efface. Il était temps.
Son idée, qu’il partageait avec Nilès à l’époque Maire de la Mairie de Drancy, était de faire édifier un monument sur le lieu même de ce camp maudit – le plus grand camp de concentration de France – à la mémoire des milliers de juifs qui y furent internés, déportés pour être anéantis, sans sépulture. Enrôlé pou ce projet, véritable défi, je le suivais alors dans ses nombreuses démarches : rencontres, rendez-vous, réunions etc. On ne construit pas un tel monument sacré sans argent, à l’abri de toute indifférence, voire d’opposition.
En 1976, on posait enfin la première pierre… Aujourd’hui grâce à lui, sa femme, la ville de Drancy, les institutions juives, les anciens combattants mais aussi notre Amicale, nous pouvons nous recueillir au pied du monument, évoquer sans retenue le souvenir de nos chers disparus, pleurer et crier à la face du monde et pour l ‘éternité l’insoutenable horreur de la Shoah.
Ce projet s’est prolongé par l’installation d’un « Wagon Témoin » de la SNCF, l’aménagement du souterrain secret d’évasion, le classement des bâtiments actuels en monument historique. D’autres projet suivront.
Au cours de ce long chemin à ses côtés, j’appris que pendant la guerre il fut un valeureux combattant exceptionnellement décoré.
Salut l’Ami !
Maurice Berengolc, Ancien Président de l’Amicale